Les visages ridés, les vieux visages, les visages âgés, les vieux…
On dit souvent d’elles que les personnes âgées sont un problème, un poids pour la société, un sujet de discussion parfois complexe pour les familles, dépendants des autres.
Jacques Brel a d’ailleurs écrit une chanson bien pessimiste et pleine de mélancolie sur la vieillesse : Les vieux. Il décrit ces vieux qui n’ont plus rien à dire, silencieux :
« Les vieux ne parlent plus, ou alors seulement, parfois, du bout des yeux ».
Ces vieux nostalgiques, tournés vers le passé :
« Est-ce d’avoir trop ri, que leurs voix se lézardent quand ils parlent d’hier
Et d’avoir trop pleuré, que des larmes encore leur perlent aux paupières »
Ces vieux qui attendent la mort qui viendra tôt ou tard :
« Et s’ils tremblent un peu, est-ce de voir vieillir la pendule d’argent
Qui ronronne au salon, qui dit “oui”, qui dit “non”, qui dit “je vous attends” »
Il décrit ces vieux qui n’ont plus d’espérance, de but dans leur vie :
« Les vieux ne rêvent plus, leurs livres s’ensommeillent, leurs pianos sont fermés
Le petit chat est mort, le muscat du dimanche ne les fait plus chanter »
Ces vieux limités physiquement parce qu’amoindris par l’âge :
« Les vieux ne bougent plus, leurs gestes ont trop de rides, leur monde est trop petit
Du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil, et puis du lit au lit »
Bref, Jacques Brel nous raconte cette fin de vie de façon bien triste, une saison que personne n’a envie de traverser de cette façon-là… Personne, homme ou femme, n’a envie de se sentir poussé vers la sortie. Personne n’a envie de vieillir et on cherche à effacer ces traces du temps par des crèmes ou des injections, on tente de repousser l’inéluctable…
Vieux, ridés, âgés, pour certains des termes connotés ; pas pour moi. J’aime les visages ridés, j’aime les regarder. Je me laisse attendrir par ces visages marqués par l’âge, matures. J’aime ces visages parce qu’ils racontent une histoire.
Cette photo, c’est Mamie Huguette, ma grand-mère partie en 2020. Elle avait 93 ans. Sur son visage, je vois sa vie. Dans ses rides marquant profondément son visage, je vois ses joies et ses peines, je comprends ses défis et ses victoires. Dans ses yeux, je vois sa joie de vivre, son amour et sa fierté pour nous et à travers son sourire, je retrouve le timbre de sa voix.
La Bible parle de la vieillesse comme d’un joyau :
Les cheveux blancs sont une couronne d’honneur ; C’est dans le chemin de la justice qu’on la trouve.
Elle promet une vieillesse heureuse, pleine d’espérance :
Ils portent encore des fruits dans la vieillesse, Ils sont pleins de sève et verdoyants,
Moïse était âgé de cent vingt ans lorsqu’il mourut ; sa vue n’était point affaiblie, et sa vigueur n’était point passée.
La Parole honore les vieux :
Tu te lèveras devant les cheveux blancs, et tu honoreras la personne du vieillard.
Dieu aime la vieillesse, Dieu a prévu la fin de vie, mais une vie en pleine santé, heureuse. Il a prévu que jusqu’au bout nous portions du fruit, rassasiés de jours comme Abraham et Job qui vécurent vieux et rassasiés de jours.