Reconnaissance ? Flatterie ?
Flatterie ? Reconnaissance ?
Mon cœur balance… parce que, parfois, c’est difficile dans nos conversations de faire la différence même si souvent, intuitivement, on la sent cette différence.
Prenons le dictionnaire.
Tout d’abord, la reconnaissance, c’est l’action de reconnaître quelque chose comme vrai ou réel, comme, par exemple, la reconnaissance du talent d’un écrivain par la critique. C’est aussi un sentiment qui incite à se considérer comme redevable envers la personne de qui on a reçu un bienfait : je suis reconnaissant du service que l’autre m’a rendu.
La flatterie, c’est l’action de flatter, c’est un compliment exagéré et intéressé. On a toute une liste de synonyme : adulation – cajolerie – compliment – courtisanerie (littéraire) -douceurs (familier) – éloge – encens – flagornerie (littéraire) – hommage – pommade (familier)
Ce n’est pas du tout la même chose ! On est d’accord ?
Complimenter n’est pas flatter.
En fait, le compliment est gratuit, il permet la reconnaissance d’une qualité de la personne. La démarche est dès lors désintéressée. On n’attend rien en retour.
Alors que la flatterie est intéressée. On flatte dans le but d’obtenir quelque chose. Elle est souvent exagérée, superficielle, hypocrite ou manipulatrice parce qu’elle n’est pas sincère. Je dis bien qu’elle est « souvent » hypocrite ou manipulatrice, pas tout le temps.
Jean de La Fontaine dans sa fable Le renard et le corbeau met en scène cette flatterie exagérée dans le but d’obtenir quelque chose. Nous faisons la connaissance de Maître Corbeau tranquillement installé sur sa branche avec son fromage. Puis Maître Renard entre en scène, attiré par ce fromage qui sent tellement bon :
« Et bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
Difficile pour le corbeau de résister à une telle flatterie. Le voilà qui ouvre grand le bec pour faire entendre sa belle voix et qui laisse tomber son fromage, aussitôt récupéré par le renard, qui se permet même de faire la leçon à l’oiseau :
« Le Renard s’en saisit, et dit : Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Il y a des spécialistes de la flatterie qui savent exactement comment procéder en utilisant les faiblesses de l’autre…
Que dit la Bible au sujet de la flatterie ?
Le livre des Proverbes met en garde contre la flatterie.
Proverbes 6 :24 : « Pour te garder de la mauvaise femme, et des flatteries de la langue étrangère »
Proverbes 7 :5 : « Afin qu’elles te gardent de la femme étrangère, et de la foraine, qui se sert de paroles flatteuses. »
Ici, la flatterie est souvent la porte ouverte vers la séduction et l’adultère. Elle est souvent associée au mensonge.
Psaume 5 :9 : « Car il n’y a point de sincérité dans leur bouche; Leur cœur est rempli de malice, Leur gosier est un sépulcre ouvert, Et ils ont sur la langue des paroles flatteuses. »
Romains 16-18 : « Car de tels hommes ne servent point Christ notre Seigneur, mais leur propre ventre; et, par des paroles douces et flatteuses, ils séduisent les cœurs des simples. »
Le flatteur ne voit que son ventre. Il ne sert que ses intérêts et non pas Christ. Même Paul éprouve le besoin d’en parler en rappelant que les apôtres n’utilisent pas la flatterie pour annoncer l’évangile. Visiblement, d’autres n’ont aucun scrupule et profitent même pour soutirer de l’argent aux assemblées.
1 Thessaloniciens 2:5 : « Jamais, en effet, nous n’avons usé de paroles flatteuses, comme vous le savez; jamais nous n’avons eu la cupidité pour mobile, Dieu en est témoin. »
Qu’est-ce que la reconnaissance ?
Je parle ici de la reconnaissance envers l’autre, dans nos relations, mais c’est aussi valable pour notre reconnaissance envers Dieu lui-même.
Être reconnaissant, c’est remercier l’autre pour ce qu’il est ou ce qu’il fait, sans jugement, ni sans attendre quelque chose en retour.
La reconnaissance c’est aussi admettre, reconnaître que l’autre est légitime dans ce qu’il fait, qu’il est à sa place, sans chercher à s’approprier une part de l’autre, sans chercher à le voler dans ce qu’il est.
La frontière avec la flatterie est fine, nous en conviendrons… la reconnaissance est complètement désintéressée. Nous n’attendons rien de l’autre, qui n’est même pas obligé de recevoir notre reconnaissance.
La reconnaissance est simple également. Inutile d’en faire des tartines… D’ailleurs elle ne passe pas forcément par des mots. Elle peut s’exprimer aussi par des gestes ou par des attitudes, par un acte de confiance.
C’est donc à chacun de s’examiner. Est-ce que je suis dans la flatterie ou dans la reconnaissance dans mes relations avec les autres ? Est-ce que je suis dans la sincérité ou dans l’hypocrisie aussi ? Est-ce que je reconnais l’autre pour ce qu’il est ou est-ce que je suis en train de le voler ?