Imaginez une cour d’école. C’est la récréation. À la sonnerie, les enfants s’élancent, impatients de se dégourdir les jambes, courir derrière un ballon, jouer à la marelle ou à la corde à sauter. Ils jouent ensemble, se parlent, se racontent pleins d’histoires. Parfois, ils se chamaillent ou bien ils rigolent. Ils rient, ils pleurent, ils se consolent. Ils partagent des moments de vie à la cantine ou pendant les fêtes de fin d’année.
Ces enfants créent des liens, parfois pour la vie.
Est-ce qu’il est possible d’avoir une vie sociale, des amis, des relations sans faire aucun effort ? Est-ce qu’il est possible de prétendre se connaître et s’aimer sans jamais se voir et discuter ?
À l’ère des réseaux sociaux, des réunions en visioconférence, des messages vocaux, nous sommes nombreux à croire que notre vie sociale est florissante, que nous sommes entourés d’amis, de proches et pourtant….
Comment est-ce possible sans avoir créé de véritables liens, sans avoir cherché à savoir qui est l’autre, sans n’avoir jamais vraiment été en interaction avec nos « amis » des réseaux sociaux ?
Cette question m’interpelle énormément d’autant plus que moi-même je pourrais être tentée de tomber dans le piège de me dire que j’ai beaucoup d’amis, qu’ils sont des centaines à me souhaiter mon anniversaire, alors que le reste de l’année ils ignorent même mon existence et ma vie quotidienne. Et ce n’est pas de leur faute.
Entretenir des amitiés, ou même une fraternité à distance ? Oui, mais… à condition d’aller les uns vers les autres d’une façon ou d’une autre, et pas qu’une fois par an. Rien ne remplace le contact humain.
Alors, comment faire ?
En se parlant déjà, c’est tout simple. En apprenant à écouter et à reconnaître la voix des autres. Dans le ventre de sa maman, bien avant sa naissance, un bébé sait reconnaître la voix de ses parents ! Dans le jardin d’Eden, Adam et Eve savaient reconnaître la voix de Dieu ! Beaucoup de choses passent par la voix : la personnalité de la personne qui parle, ses émotions, ses petits défauts et ses tics de langage aussi. On apprend déjà à connaître une personne en entendant sa voix et quand on se connaît bien, on sait si la personne va bien ou pas, rien qu’en écoutant l’intonation de la personne.
Et puis, en discutant avec les autres, on se découvre souvent des points communs. C’est déjà plus sympa, vous ne trouvez pas ? Et on peut, par conséquent, avoir des projets en commun. On peut rêver ensemble, c’est déjà mieux que rêver tout seul. C’est plus évident pour tout le monde quand on se sent en phase les uns avec les autres.
On crée aussi un lien de confiance. On sait à qui on peut confier ses sentiments, ses émotions, ses aspirations et même ses secrets. L’autre est une personne fiable pour nous et on devient quelqu’un de confiance pour l’autre. Naturellement, on saura vers qui aller quand il y a besoin. On pourra rire, pleurer et prier ensemble.
On apprend aussi beaucoup de choses. Discuter réellement avec nos proches, les écouter, nous ouvre un monde et des perspectives immenses. Ce qui vient nous enrichir considérablement et nous pouvons enrichir les autres de ce que nous sommes !
Comme ces enfants de la cour de récréation, on peut aussi passer ensemble des moments de détente autour d’un repas, d’un film, peu importe. On se fabrique des souvenirs, on découvre des traits de personnalités qu’on ne connaissait pas de ses amis.
Au moment où je finis ce texte, mon fils, Clovis, est en train de papoter tranquillement avec un copain au téléphone, alors qu’ils ont déjà passé la journée ensemble. Ils sont heureux 😊
Bref, il n’y a que du bon à chercher à créer du lien. À condition, évidemment, que cela soit sincère. Bien sûr qu’on peut aussi s’envoyer des messages vocaux ou écrits. Mais s’intéresser à l’autre est tellement essentiel. C’est tellement facile de passer à côté d’une belle amitié ou de ne pas voir le besoin de l’autre.
Et pour moi, être une amie, une sœur, c’est être présente et disponible…