Avant tout, qu’est-ce qu’une étiquette ?
Au sens propre :
Petit morceau de papier, de carton, fixé à un objet (pour en indiquer la nature, le contenu, le prix, la destination, le possesseur).
Par exemple : attacher une étiquette sur un colis. Ou bien une étiquette qui indique la taille et le prix d’un vêtement. Grâce à l’étiquette, on a les bonnes indications pour ne pas se tromper dans notre achat et on sait combien ça va nous coûter.
- Au figuré (c’est là que ça se complique…)
L’étiquette marque quelqu’un et le classe. Coller une étiquette à une personne, c’est la catégoriser, lui attribuer une appartenance, la classer socialement, politiquement ; on est aussi dans le domaine de la réputation ou de l’image : on dira… lui, il est distant ; elle, c’est plutôt, une personne sévère ou bien, elle est plutôt spéciale… En sachant que derrière ce mot « spéciale », par exemple, on peut y mettre ce qu’on veut.
Ce qui fait que, très souvent, on n’est pas loin du jugement et on peut parler dans certains cas de clichés ou de préjugés.
Par conséquent, on va définir les personnes par un seul mot comme les 7 nains de Blanche Neige : Prof, Grincheux, Simplet, Atchoum, Timide, Dormeur et Joyeux. Chacun d’eux est défini par un nom représentant son trait de caractère principal et il n’existe qu’à travers cette caractéristique.
Nous sommes également concernés…
Nous aussi, souvent, on peut avoir caractérisé l’autre ou avoir été défini par un seul mot : la petite, la grande, la timide… il n’y a d’ailleurs pas toujours de mauvaise intention derrière.
Parfois on se met nous-mêmes des étiquettes : je suis une personne fragile, sensible, ou forte alors que ce n’est pas toujours le cas.
Parfois, une étiquette correspond à l’image que nous renvoyons consciemment ou inconsciemment. On a souvent dit de moi, parce que je peux être parfois réservée : Raphaëlle, elle ne parle pas. Et du coup je ne parlais pas et cette étiquette m’a poursuivi pendant des années, comme une malédiction.
Pourquoi une étiquette peut-elle autant nous coller à la peau ?
Une étiquette touche l’identité profonde. Nous finissons par croire que c’est notre véritable nature et nous oublions notre véritable identité.
Pourquoi à un moment donné, acceptons-nous ces étiquettes ? C’est souvent lié au regard des autres et au besoin d’approbation. Un enfant quand il naît existe avant tout à travers le regard de ses parents, de sa famille et la façon dont ce regard est posé sur lui va façonner une fausse identité ou bien va aider l’enfant à se connaître et à apprendre qui il est vraiment.
Parfois, dès la petite enfance, nous imposons, sans le savoir, des étiquettes aux enfants : lui, il est comme son père ; elle, on n’en obtiendra rien de bon ; attention, mon bébé, tu vas attraper froid, tu es tellement fragile…
Des remarques comme ça, constamment, finissent par faire douter sur la vraie identité.
C’est un cercle vicieux terrible : l’autre nous met des étiquettes, nous doutons de notre identité, pour exister nous nous mettons encore plus d’étiquettes ou nous en choisissons certaines par opposition ou rébellion. Certains, malheureusement, sont tellement mal qu’ils vont même jusqu’à douter de l’utilité de leur existence sur terre ou de leur genre.
Les personnages bibliques sont souvent victimes des étiquettes eux aussi.
Dans le livre de la Genèse 37-19, nous avons Joseph qui est appelé par ses frères, selon la traduction, le maître rêveur, le faiseur de songes, le maître songeur ou l’expert en songes. La suite de l’histoire nous prouve qu’il était bien plus qu’un rêveur puisqu’il se retrouve à interpréter les songes de Pharaon pour ensuite devenir son bras droit. Dieu avait mis en lui bien plus qu’une identité de rêveur. Combien parmi nous ont été catégorisés, quand ils étaient à l’école, de rêveurs ?…
Jacob est appelé à plusieurs reprises « le trompeur ». Rien de très valorisant… et c’est dès sa naissance qu’il est nommé comme ça parce qu’il tient à ce moment-là le talon de son jumeau Ésaü. Jacob veut dire en hébreux : celui qui prend par le talon ou qui supplante, c’est-à-dire qui prend la place de.
Deux fois, Jacob passe devant son frère et c’est pour ça qu’Ésaü l’appelle « le trompeur » dans Genèse 27-36 :
« Est-ce parce qu’on l’a appelé du nom de Jacob qu’il m’a supplanté deux fois ? Il a enlevé mon droit d’aînesse, et voici maintenant qu’il vient d’enlever ma bénédiction. »
En effet, alors qu’un jour Ésaü revient des champs fatigué et affamé, il accepte de vendre son droit d’aînesse à son frère contre un plat de lentilles. Sur l’instant, il ne réfléchit pas vraiment pour ensuite reprocher à Jacob de l’avoir trompé.
Une deuxième fois, Jacob prend la place d’Ésaü auprès de leur père vieux et aveugle qui croit avoir auprès de lui Ésaü alors qu’il s’agit de Jacob et qui le bénit avant sa mort.
Combien d’entre nous, petits ou même plus grands, ce sont fait traiter de menteur ? …
Même Jésus a eu des étiquettes collées sur le dos, même s’il ne les acceptait pas.
Dans Matthieu 13 : 54 – 56, il est catalogué par rapport à sa famille :
« S’étant rendu dans sa patrie, il enseignait dans la synagogue, de sorte que ceux qui l’entendirent étaient étonnés et disaient : d’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ? N’est-ce pas le fils du charpentier ? N’est-ce pas Marie qui est sa mère ? Jacques, Joseph, Simon et Jude, ne sont-ils pas ses frères ? Et ses sœurs ne sont-elles pas toutes parmi nous ? D’où lui viennent donc toutes ces choses ? »
Jean 7-5 : « Car ses frères non plus ne croyaient pas en lui. »
Ses frères ne croyaient pas en lui « non plus ». C’est souvent comme ça dans les familles, on se connaît trop, on se colle par conséquent des étiquettes, on croit connaître sa sœur, son frère ou son petit cousin mieux que lui-même. Et on ne comprend plus quand il ou elle se lance dans quelque chose qu’on n’avait pas du tout anticipé.
Les proches de Jésus n’ont pas compris tout de suite ce qu’il lui arrivait. Mais qu’est-ce qu’il lui prend, devaient-ils se dire ? ?!
Tel il a pensé, tel il est dans son âme…
Ces étiquettes sont souvent des prophéties de malheur, des malédictions prononcées sur nos vies : quand nous les acceptons, nous finissons par devenir ce qu’on dit de nous ; on finit même par devenir ce que nous même nous pensons à notre sujet.
Job l’exprime très bien dans le livre de Job 3 : 25 – 26 :
« Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; Ce que je redoute, c’est ce qui m’atteint. Je n’ai ni tranquillité, ni paix, ni repos, Et le trouble s’est emparé de moi. »
Le proverbe 23-7 le dit aussi :
« Car comme il a pensé dans son âme, tel il est. »
Nous devenons ce que nous pensons être. C’est souvent valable dans les situations que nous rencontrons dans nos vies, mais c’est aussi le cas dans tout ce qui touche à notre identité.
À force d’y croire, nous finissons par devenir timides, caractériels, difficiles à vivre, etc., etc., etc.
Enlever ces étiquettes
Certaines d’entre elles sont visibles, d’autres invisibles, mais avec Dieu le Père, on peut apprendre à les débusquer pour enfin en être libérés. Parce qu’elles ne rendent pas service. En fait elles bloquent notre identité.
Est-ce que nous savons qui nous sommes sans toutes ces étiquettes ? Et si ces étiquettes nous empêchaient de nous connaître vraiment?